
Il y a deux semaines de cela, nous étions à Uyuni en Bolivie. Il pleuvait des cordes (comme dans le reste du pays) et plus aucun bus ne circulait vers le sud, et donc vers l'Argentine. Au moment où on se disait qu'on allait rester coincés dans ce coin du pays, une dame nous a suggéré de prendre le train. Ah, tiens..v'là une bonne idée.
Arrivés devant la gare, mauvaise surprise : attroupement d'au moins cinquante personnes devant les guichets, dont une forte majorité d'Argentins. Ça ne va pas être une mince affaire de se procurer des billets. On sent qu'il y a une certaine agitation mais on se met malgré tout dans la file. Rapidement, on comprend, vu les conditions météo, qu'aucun train ne circule vers le sud. Sur ces entrefaites, arrivent un journaliste et son cameraman. Le premier me tend le micro en me demandant ce qu'il se passe. Etant bien informé, maîtrisant parfaitement l'espagnol et voyant surtout la meute d'Argentins zieutant le micro avec des yeux de mômes recevant un cadeau de Noël, je leur cède la parole. Et salut ce que j'ai bien fait car ils en avaient, des choses à raconter.
Ces discours toujours plus enflammés amène le chef de gare à sortir de son bureau. Flegmatique, il explique qu'il n'y peut rien s'il pleut et assure que, dès qu'un train partirait, des billets seraient vendus. Pas satisfaits du tout par ces explications, les Argentins haussent le ton. Ils affirment devoir rentrer au pays dans les plus brefs délais, sans quoi ils vont perdre leur travail. Ils ne comprenent pas pourquoi, vu la situation d'urgence, des mesures appropriées ne sont pas prises. Et si rien ne change, ils vont téléphoner à leur ambassade. A force d'être chahuté, le chef de gare retourne dans son bureau. Toujours sous l'oeil des caméras, quelques insultes fusent. Certains s'étranglent de rage. Ça chauffe et, nous, on rigole bien.

A ce moment-là, nous sommes partis. En partant de la gare, on s'arrête dans une boutique d'artisanats. On raconte l'histoire à la vendeuse qui nous explique que pour aller au sud il suffit de retourner de la ville d'où on vient (au nord, à Potosí) et prendre un bus depuis là-bas, car la route est meilleure. Un détour d'une dizaine d'heures. En ressortant, on croise un des Argentins qui revient de la gare et qui nous dit qu'aucune véritable solution n'a été trouvée. On lui explique le coup du détour et lui demande pourquoi ses copains si pressés de rentrer chez eux ne choisissent pas cette option. "Dix heures de bus, c'est trop long"...
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